Menu

Pages

Préface du livre " L'islamophobie"


Préface du livre " L'islamophobie" 

Lorsque je vivais à Qalqilya en Cisjordanie, mes interrogations et mes critiques envers l’islam m'ont valu l'accusation générale d'apostasie.

J'étais un blasphémateur, un traître à la religion, un infidèle. Dans les pays musulmans, nous vivons sous la pression des prédicateurs qui émettent des prêches, voire des fatwas incitant au meurtre des apostats. Je considère ces avis religieux comme des preuves évidentes de leur incapacité à faire de l'islam une religion de tolérance et de paix. La plupart des habitants transmettent ces fatwas, souvent à cause de la peur, parfois par adhésion. Le Fatah, qui gouverne la Cisjordanie, est une organisation officiellement laïque. Cela n’a pas empêché l’Autorité palestinienne de m'emprisonner pendant dix mois en m'accusant de blasphème. Depuis, ma famille continue de subir des intimidations dans mon pays natal en raison de mon renoncement à la religion.

Arrivé à Paris en avril 2012, j’ai reçu beaucoup de soutien, et des personnes qui partageaient mes idées m'ont accueilli avec générosité. Je ne pensais pas qu'en Europe, certains intégristes pourraient nous traiter, ces personnes et moi, « d’islamophobes », terme dont j'ai rapidement découvert l'existence. Ces professionnels de l'accusation en « islamophobie » reprenaient alors le flambeau des islamistes de Palestine qui m'accusaient d'apostasie.

Ainsi, pointer la responsabilité de l'islam – comme celle du christianisme ou du judaïsme – dans le recul des droits des femmes ou des homosexuels est considérée par certains antiracistes autoproclamés comme de l’« islamophobie ». S'interroger sur le voile islamique et débattre de son introduction dans les écoles de la République française serait tout autant « islamophobe ». Certains partisans du différentialisme qui font partie du paysage médiatique nous considèrent, nous les Arabes, comme des citoyens à part, obligés de subir l'oppression de prédicateurs islamistes. Ils oublient volontairement l'histoire française, faite de bras-de-fer avec le Vatican, pour s’émanciper du catholicisme avec la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905. Pour les différentialistes, l'islam est politique, ou n'est pas.


Je parle d’ « antiracisme autoproclamé », car ce sont eux les racistes. Ce sont ces hommes et femmes, pleins de bonne conscience, qui veulent voir les musulmans évoluer dans un monde à part, avec des lois d'exception. L'universalisme de la France, sa laïcité, permettent l'égalité en droits et en devoirs de tous les citoyens. Il reste bien évidemment des progrès à faire en matière de lutte antiraciste sur le plan de l'accès au logement et à l'emploi, et dans des consciences collectives où certains préjugés demeurent. Ces progrès ne se réaliseront pas en assignant les Arabes à leur religion présumée, en faisant de l'islam un dogme incritiquable, et en traitant d’ « islamophobes » les vrais antiracistes.

Confondre l’« islamophobie » avec du racisme, c'est aussi m'accuser moi, Palestinien, avec une mère voilée, une famille pieuse, de racisme. C'est faire ce qu'aucun de mes amis en Cisjordanie n'a jamais pu penser.

La France garantit la liberté religieuse dans sa constitution, elle compte plus de 2500 mosquées sur son territoire, le marché du halal s'y est très largement développé, tout comme les associations musulmanes. La tolérance envers les musulmans a même progressé en France en 2015, malgré les attentats qui ont ensanglanté le territoire. Les quelques agressions insupportables de femmes voilées, les dégradations de mosquées, et les cas de racisme sont actuellement punis par la loi. Tous ces méfaits sont déjà punis pour violence, incitation à la haine, dégradations ou injures en raison de l'origine ethnique ou de la religion supposée de ceux qui en sont victimes, et ce, sans qu'il n'y ait nul besoin de parler d’« islamophobie ».

Ces accusateurs en « islamophobie » refusent également de voir qu'en Iran, être « islamophobe », c'est manifester pour le droit des femmes à ne pas porter le tchador rendu obligatoire sous Khomeiny. Qu'en Arabie Saoudite, c'est être chiite et réclamer plus de droits pour les chiites, comme le Cheikh Nimr Baqr Al-Nimr qui a été décapité en janvier 2016. L’« islamophobie » est à l’international l'arme du totalitarisme. Ce n'est pas un hasard si les pays islamiques qui piétinent les droits de l'homme font pression jusqu'au siège de l'ONU pour reconnaitre le principe de « diffamation des religions » et donc d' « islamophobie ».


Waleed Al-husseini

Paris, mai 2016

LIVRE SUR AMAZON.CA

Commentaires

3 commentaires
Enregistrer un commentaire
  1. "Confondre l’« islamophobie » avec du racisme, c'est aussi m'accuser moi, palestinien, avec une mère voilée, une famille pieuse, de racisme. C'est faire ce qu'aucun de mes amis en Cisjordanie n'a jamais pu penser."

    RépondreSupprimer
  2. Certains musulmans abjurent leur religion, on n'en parle jamais, de ces personnes qui osent s'élever contre les dogmes et défier ce qui terrorise le monde entier. C'est de l'héroïsme. Les religions monothéistes sont la figure même de l'intolérance, quand on a un esprit critique, on ne peut se limiter à ces carcans, cette pensée unique de la religion monothéiste. Personnellement je suis pour une spiritualité au sens bouddhiste du terme, absolue, la tolérance et la spiritualité au quotidien de chaque être, chaque élément dans sa difference.

    RépondreSupprimer
  3. Extraordinaire texte Waleed Al-husseini!

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Contenus :