Waleed Al-Husseini
ne s’est pas fait prier pour accepter cet entretien. Pour avoir
fortement mis en doute les vérités sacrées de l’islam, ce soldat de la
laïcité et de la défense des Droits de l’homme a passé pas moins de 10
mois dans les geôles de Cisjordanie, un cauchemar qu’il a raconté dans
le poignant Blasphémateur ! Les prisons d’Allah (Grasset, janvier 2015). Il revient aujourd’hui avec Une trahison française
(Editions Ring), excellent réquisitoire contre les partisans du dogme
islamiste et ses collaborateurs parmi nos élites, ici en France. A
seulement 28 ans, Waleed Al-Husseini est l’un de ces libres penseurs de culture musulmane que l’on soutient trop mollement. Rencontre avec un jeune homme courageux.
Alexis Brunet. On ne sort pas rassuré de la lecture de votre
livre. Le processus d’islamisation de la France que vous décrivez a-t-il
déjà atteint un point de non-retour ?
Waleed Al-Husseini. Oui. L’islamisation est plus forte qu’avant.
Peut-être que nous pouvons la limiter, la rendre moins violente que ce
que nous voyons maintenant. Mais dans la mesure où c’est un réseau
mondial, ils vont utiliser les médias comme ils le font déjà. Voyez l’affaire du burkini
l’été dernier. Les médias comme Al-Jazeera n’ont parlé que de ça, en
disant que c’était horrible, etc. Pendant ce temps, on a très peu parlé
des noirs assassinés par la police aux Etats-Unis et de la répression
menée par l’AKP en Turquie, par exemple.
Vous dénoncez la naïveté, et même la collaboration de nos
élites, surtout à gauche. Pourquoi êtes-vous si sévère avec la gauche ?
Parce que quand la gauche parle de laïcité, elle ne parle que de la
laïcité pour les chrétiens. On peut se moquer de Jésus ou le blasphémer
tout le temps, mais on ne peut pas faire pareil pour Mohammed
(Mahomet) : les médias se l’interdisent au nom de la paix dans la
société et du « vivre-ensemble ». Ils disent qu’ils ne veulent pas
plaisanter sur l’islam pour ne pas passer pour des racistes. Mais en
agissant ainsi, ils se montrent même plus racistes, car ils considèrent
les musulmans comme des citoyens de seconde zone et non plus comme des
Français. La gauche est censée militer pour la Révolution française et
des valeurs modernes, pourquoi, quand il s’agit des musulmans,
décide-t-elle de laisser ces valeurs de côté ?
Comme lorsque la Ligue des Droits de l’homme n’a pas soutenu
la lecture spectacle du livre posthume de Charb à l’université de Lille…
Oui exactement. C’est à peine croyable. Pourquoi ?
La cécité de certains est telle que des militants de gauche
ont été, comble de l’aveuglement, jusqu’à douter de la véracité de votre
incarcération en Palestine !
Oui. Juste après les attentats de Charlie-Hebdo et la sortie de mon
premier livre, des militants de gauches ont accusé Grasset d’être
sioniste. Comme je suis Palestinien, j’étais forcément un menteur,
j’avais inventé toute mon incarcération pour écrire un livre. Alors que Le Monde
avait fait un article sur mon arrestation à l’époque ! Ils m’ont dit
qu’ils ne croyaient de toute façon pas aux médias… Même aujourd’hui, de
nombreux militants de gauche m’accusent de vouloir défendre la laïcité
en France au détriment de la cause palestinienne et refusent la
hiérarchisation des priorités. Ils m’accusent à tort d’être manipulé par
Israël et refusent de voir la véritable manipulation de la cause
palestinienne par les islamistes.
Ceci étant, sous Sarkozy ce n’était pas mieux : le communautarisme s’est développé…
Oui, je suis d’accord. On parle beaucoup du communautarisme en France
parce que ce pays a une façade laïque. C’est pire en Angleterre mais la France est en train de se transformer en morceaux
avec d’un côté les musulmans, de l’autre les Chinois, etc. A
Saint-Denis, pendant le Ramadan, beaucoup de magasins sont fermés. A Sevran on a vu qu’un café était interdit aux femmes. Ce sont des valeurs du Moyen-Âge qui vont à l’encontre des valeurs de la société française.
Ce communautarisme musulman,
Nicolas Sarkozy l’a organisé. Il a institutionnalisé l’Union des
organisations islamiques de France (UOIF). Il a cru pouvoir faire comme
Napoléon avec les Juifs, faire une organisation qui représenterait les
musulmans. Mais ça ne peut pas marcher avec les musulmans car eux même
ne peuvent concevoir l’existence d’une telle institution. Pour le dogme
musulman, la Charia est supérieure aux lois terrestres. Mais cette
complaisance de la classe politique avec l’islam remonte aux années
1970. Doit-on rappeler la concurrence que menaient alors le PS et le PCF
pour séduire l’Algérie, à la veille des élections législatives de 1978,
de la présidentielle de 1981 et des suivantes ? Même aujourd’hui, le
passage à Alger, avec tout ce que cela implique, est une étape
obligatoire aux présidentiables, surtout de gauche : François Hollande
en 2012, Emmanuel Macron aujourd’hui…
Vous dites dans votre livre que dans l’état actuel des
choses, le « vivre-ensemble » est utopique. Mais n’est-ce pas une
priorité que de souhaiter préserver une certaine harmonie entre ce que
l’on nomme maintenant les différentes communautés ?
Pour les islamistes, le « vivre-ensemble » n’est même pas
concevable : pour eux, l’idéal ce n’est pas le monde moderne mais l’Etat
islamique. Ils utilisent le « vivre-ensemble » pour instaurer à nouveau
les valeurs de l’Islam du temps de Mohammed.
Vous racontez qu’en arrivant en France, vous avez découvert
l’expression « musulman modéré », que vous n’aviez jamais entendue en
Cisjordanie…
Evidemment. Cela n’existe pas. Là-bas, nous sommes tous musulmans.
C’est un terme utilisé pour mieux faire accepter les musulmans. Mais
c’est un terme qui n’est même pas accepté par tous les musulmans. Un
musulman « modéré », cela signifie pour beaucoup de musulmans qu’il y a
quelque chose qui ne colle pas dans leur conception de l’islam.
Jusqu’à il y a peu, néanmoins, il y avait peu de
revendications islamistes en France. Et encore maintenant, la majorité
(silencieuse) des musulmans ne fait pas de réclamations. N’est-il pas
crucial de différencier les musulmans de l’islamisme ?
Il y a évidemment une différence entre les musulmans et l’islam
radical. L’islam radical, c’est comme ce que fait Daech. Mais bien que
tous les musulmans n’adhérent pas à cela, ils ne manifestent pas contre
et leur silence devient complice. Quand je juge l’islam, je le juge par
rapport à ses racines, le Coran. Il y a maintenant une différence entre
l’islam et les musulmans. Mais l’islam fondamentaliste, pour moi c’est
l’islamisme. Quiconque est contre les valeurs modernes comme les droits
des femmes, qui réclame ou tolère la polygamie et qui condamne le
blasphème est pour moi fondamentaliste. Ceux concernés diront que le
fondamentaliste, c’est celui qui tue des gens. Mais pour moi non. Le
fondamentalisme n’a pas besoin de tels actes pour exister. Il peut
exister simplement dans les esprits.
Lors de la « Manif pour tous », des mouvements catholiques
traditionnalistes se sont immiscés dans le débat politique. La
résurgence du religieux dans le débat politique ne semble pas être de
l’apanage de l’islam…
Il y a un retour du religieux en général, c’est vrai. Mais pour
beaucoup, ce « retour aux sources » est une réaction normale à ce qu’ils
considèrent comme une agression venant de l’islamisme. Lors des débats
autour de la « théorie du genre », le catholicisme, comme le judaïsme ou
l’islam étaient contre. Dans le cas des musulmans, qui est ce que je
connais le mieux pour en parler, la religion devient une identité. Et ça
ne va pas en s’améliorant. Je pense que les personnes réellement
laïques représentent une minorité en France. Les trois grandes religions
sont contre nous. Maintenant, les problèmes de violence dans le monde
viennent de l’islam. Ceux qui disent que toutes les religions ont fait
ça avant ne font qu’aggraver le problème, car ils donnent des excuses
aux islamistes.
Vous évoquez le « sommeil dogmatique » de Kant pour désigner
la possible capitulation de la majorité face au totalitarisme islamiste.
Le peuple français vous donne-t-il l’impression d’être dans cet état
d’esprit ?
Cela existe au sein des musulmans de France en tous cas. Les gens qui
m’ont attaqué et insulté ne sont pas des islamistes mais des gens
normaux. Ils ne savent même pas pourquoi ils considèrent avoir raison.
Ils estiment que le port du hijab est une bonne chose sans même savoir
sa signification. Ils n’obéissent qu’à des dogmes.
Justement, pourquoi les tentatives de réforme de l’islam échouent-t-elles toutes actuellement ?
Parce que les responsables musulmans n’ont jamais pris le problème à
sa racine : ils n’ont jamais osé toucher au Coran. C’est pour ça que ça
n’a marché nulle part. Cela n’a pas marché en Turquie du temps de
Mustafa Kemal (Atatürk). Ce dernier a juste mis en place une loi sur la
laïcité. Et quand il est mort la Turquie s’est islamisée. Si on ne se
penche pas sur le Coran, ça ne peut pas marcher. Même ici, après les
attentats, il y a toujours des Français qui nous disent que l’islam est
une religion d’amour et qui illustrent leur affirmation par une
citation du Coran. Mais ils ne nous donnent pas la deuxième partie de la
même citation, qui est souvent belliqueuse. Sans toucher un mot du
Coran on n’y arrivera jamais.
Il y a pourtant eu une période d’ouverture importante au
IXème siècle, que vous évoquez dans votre ouvrage, grâce aux Abbassides
et aux Mu’tazila, notamment en Irak. Pouvez-vous nous en dire un peu à
ce sujet ?
Oui. Le mutazilisme était au début un groupe secret, qui a refusé de
considérer le Coran comme éternel mais comme créé. Ils ont combiné la
foi avec le rationalisme. Avec le temps, il est devenu la croyance
officielle de plusieurs califats, notamment celui des Abbassides.
Pendant 300 ans, les arabo-musulmans s’intéressèrent à la philosophie et
à la science. Ils ont découvert la chimie. Ils se sont intéressés à
l’astronomie. C’est d’ailleurs pour cela que beaucoup d’étoiles ont des
noms d’origine arabes. La seule fois où l’islam a eu sa révolution des
Lumières, ça a été à cette époque. Et depuis il n’y a rien eu. Nous
sommes retournés à l’époque précédente et nous y sommes encore.
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Vous vous méprenez. L'islam et l'athéisme mènent le même combat. L'ennemi commun est Jésus Christ, vrai homme et vrai Dieu.
RépondreSupprimerVoyez plutôt : https://asasuite.wordpress.com/2015/03/31/si-on-se-decidait-a-ouvrir-les-yeux/