Waleed Al-Husseini : Honnêtement, au
début de mon combat, je ne pensais pas avoir besoin de courage ou d’énergie.
Car je pensais tout simplement vivre ma liberté. En prison, je ne considérais
pas mon combat comme une expression de courage. Je défendais ma profonde
conviction et je réclamais ma totale liberté de croire ou de ne pas croire.
Après ma douloureuse expérience en prison et mon simulacre de procès, j’ai dû
effectivement sacrifier certains détails de ma vie, sociale et familiale, pour
défendre mes idées. Car je ne concevais et je ne conçois toujours pas qu’un
être humain, né par définition libre, puisse sacrifier sa liberté au nom du
dogme et de la religion, surtout qu’il s’agit de la religion la plus
dominatrice.
2. Vous
êtes très critique envers l'Islam. Pourquoi vous croyez que c'est une
religion raté?
Waleed Al-Husseini : Comme je le dis
dans mon livre, je lutte contre l’islam mais pas contre les musulmans. Haïr une
maladie ne signifie pas détester les malades. Bien au contraire. Si je combats
l’islam tel qu’il est dévié et pratiqué, c’est justement pour libérer les
musulmans de l’emprise de cette religion. A l’origine, l’islam était une sorte
de loi sociale, spirituelle et économique voulue pour mettre de l’ordre dans le
désert de la Péninsule arabique. Mais elle s’est transformée en loi divine pour
apeurer la population et la dominer. Les révélations, si révélations il y a,
sont de deux sortes : celles de la Mecque relèvent du prosélytisme
pacifique. Mais celles de Médine sont plus agressives. Quatorze siècles après
l’avènement de l’islam, les textes sacrés ont sérieusement besoin de réformes
et de modernisation pour épargner l’humanité des affres de cette dérive
violente inspirée du texte original.
3. Qu'est-ce
que vous croyez que doit faire les sociétés arabes pour se moderniser?
Waleed Al-Husseini :C’est
malheureusement un vaste chantier. Je pense que la première chose à faire est
justement la séparation de tout ce qui est cultuel du reste de la vie. La foi
est une question privée qui ne concerne que le fidèle, à titre individuel, et
sa relation verticale vers son Dieu. Dans les sociétés musulmanes en générale
et arabes en particulier, la religion est au cœur de tout, au point que des
citoyens peuvent se dénoncer mutuellement pour avoir manqué à la prière...
Mettre fin ce joug et à l’omniprésence de la religion revient à libérer les
sociétés et à désacraliser leurs rapports avec le reste du monde. Cette
réforme indispensable est la pierre angulaire de la lutte contre la violence
véhiculée par les interprétations des textes sacrées.
4. Il y a
du monde qui croit qu’on ne peut pas critiquer les religions pour
"tolérance" et respect culturel, qu'est-ce que vous pensez de
ça?
Waleed Al-Husseini :Pour moi, la
culture doit être dissociée de la religion. D’ailleurs, c’est une aberration de
lier l’islam à la culture arabo-islamique, très en vogue en Occident. Aucune
civilisation n’est autant associée à la religion que dans le monde arabe, au
moment où la contribution des musulmans à la Civilisation est sujette à
caution. Tous les scientifiques et les intellectuels de l’époque des Empires
d’Orient (Ommayyade, Abbasside) étaient issus d’autres religions. L’islam, à
travers ses conquêtes, n’a pas pu exporter sa culture, puisque dans la Péninsule
arabique, il n’y en avait aucune. En critiquant l’islam, au même titre que les
autres religions – puisque je suis athée – vise à libérer l’Homme et à lui
inculquer les vraies valeurs de la tolérance et du respect d’autrui. Je vous
rappelle que l’islam use de sa duplicité : il veut être toléré et
respecter par les autres mais il ne respecte et ne tolère pas les autres. Même
es musulmans entre eux ne se tolèrent pas. Les conflits entre sunnites,
chiites, zaïdites, alaouites… en attestent.
5. L'article du
New York Times dit que dans votre village beaucoup du monde vous a critiqué.
Vous avez trouvez aussi de soutien?
Waleed Al-Husseini : Non, je n’ai
bénéficié d’aucun soutien à Qalqiliya, et même au-delà dans les
Territoires palestiniens. Les seuls soutiens provenaient de certains pays
arabes et d’Occident. Même ces derniers utilisaient des pseudonymes pour des
raisons de sécurité.
6.
Qu'est-ce qu'on peut faire les occidentaux pour aider votre cause? »
Waleed Al-Husseini :Ma cause
aujourd’hui est la promotion de la laïcité. Ce que peut et doit faire
l’Occident c’est de protéger sa propre laïcité, sérieusement menacée. Comme je
l’ai développé dans mon livre, l’islam cherche – et parvient doucement mais
surement – à exploiter la démocratie et la laïcité pour se renforcer et les
remplacer.
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