Par Béatrice ARVET • Correspondante La Semaine
En rédigeant son livre, Waleed Al-Husseini ne pouvait pas imaginer qu'il allait sortir en pleine actualité terroriste. Le combat de ce blogueur palestinien pour s'émanciper de la religion et devenir un esprit libre, montre un courage impressionnant. Sans une mobilisation internationale, probablement aurait-il passé le reste de sa vie dans les geôles de Cisjordanie. Son témoignage permet de prendre conscience de l'énorme fossé civilisationnel qui sépare les sociétés musulmanes et les démocraties.
Né dans une famille pieuse, mais " ouverte ", Waleed Al-Husseini s'est interrogé très tôt sur la religion qui lui était imposée depuis sa naissance. Frustré par les explications standard qu'on lui assène systématiquement, il crée, à dix-sept ans, un blog d'échanges " la voix de la raison ", lit énormément et trouve des réponses auprès de Darwin ou Hawking. Les choses se gâtent à l'université lorsqu'il franchit la ligne rouge en se déclarant athée. Ostracisé, il change d'établissement pour finir ses études, devient professeur de nouvelles technologies tout en continuant à alimenter depuis un cybercafé, des blogs et des débats critiques sur l'Islam et le droit de chacun de croire en Dieu ou non.
Arrêté en novembre 2010, accusé de blasphème envers l'islam, il subira pendant dix mois, interrogatoires, tortures psychologiques et physiques, en attendant un procès sous mandat militaire sans cesse reporté. Finalement relâché sous caution, menacé de mort dans sa ville natale de Qalqilya, il part en Jordanie où l'asile politique lui est accordé par la France en 2012. Droit dans ses bottes, inflexible concernant ses convictions d'homme libre, Waleed Al-Husseini, du haut de ses vingt-cinq ans, est impressionnant de maturité. Son récit argumenté, pondéré, reflète le cheminement d'un humaniste attaché à la raison plutôt qu'au surnaturel.
Arrêté en novembre 2010, accusé de blasphème envers l'islam, il subira pendant dix mois, interrogatoires, tortures psychologiques et physiques, en attendant un procès sous mandat militaire sans cesse reporté. Finalement relâché sous caution, menacé de mort dans sa ville natale de Qalqilya, il part en Jordanie où l'asile politique lui est accordé par la France en 2012. Droit dans ses bottes, inflexible concernant ses convictions d'homme libre, Waleed Al-Husseini, du haut de ses vingt-cinq ans, est impressionnant de maturité. Son récit argumenté, pondéré, reflète le cheminement d'un humaniste attaché à la raison plutôt qu'au surnaturel.
Tout jeune, il s'est heurté aux contradictions d'un dogme, qui exclut le développement de la pensée individuelle au profit d'un point de vue collectif incontestable, qui incite à se débarrasser des mécréants, en appelle au divin plutôt qu'à la science, asservit les femmes et autorise le mariage des filles impubères. Incapable d'admettre que le soleil se cache la nuit ou de confier la responsabilité de son existence aux représentants de Dieu, il a assumé ses certitudes, solitaire dans une société primitive, hostile et dangereuse, soutenu virtuellement par des milliers d'internautes partageant les mêmes préoccupations.
De l'intérieur
Très critique envers le déficit d'instruction d'un peuple asservi par les rites, il fustige le passéisme en vigueur qui renvoie les croyants vers le Moyen-Âge dans la perspective d'un califat. Il est également très virulent envers la biographie du prophète, ses guerres, ses razzias, ses femmes butin et ses enseignements fluctuants. Les blogs diffusant ses réflexions ont connu un succès suffisamment important pour inquiéter l'Autorité palestinienne qui n'a pas réussi à le neutraliser en raison d'une forte pression internationale. Ce témoignage est particulièrement édifiant pour comprendre de l'intérieur le fonctionnement des sociétés musulmanes, leur allergie à la laïcité et pourquoi elles s'embrasent si violemment au sujet des caricatures. Pour Waleed Al-Husseini, la solution pour les sortir de la pauvreté et des conflits régionaux passe forcément par un recul du religieux et le retour au savoir. Arrivé en France, il a été surpris par l'existence de zones dans lesquelles les croyants musulmans se réfèrent aux imams et aux associations coraniques plutôt qu'à la loi républicaine. Il alerte sur ces ghettos, fournisseurs de terroristes et les attaques récentes lui donnent tristement raison.
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