Salman Rushdie dénonce "l'aveuglement stupide" de l'Occident face au djihadisme
Islam et islamisme ont-ils quelque chose à voir ensemble? La gauche occidentale se voile-t-elle la face en refusant de retracer la généalogie du jihadisme terroriste? A ces deux questions, l'écrivain britannique toujours sous le coup d'une fatwa, répond par l'affirmative.
Les mots sont forts, sentencieux. L'écrivain britannique Salman Rushdie, qui vit toujours à New York sous protection depuis la fatwa lancée en 1988 pour son roman Les versets sataniques par l'ayatollah Khomeini, ne mâche pas ses mots. Dans une interview à L'Obs, il enjoint l'Occident, et plus particulièrement la gauche, à "arrêter l'aveuglement stupide" face au jihadisme qui consiste à dire que "cela n'a rien à voir avec l'islam".
"Je suis en désaccord fondamental avec ces gens de gauche qui font tout pour dissocier le fondamentalisme de l'islam", souligne Salman Rushdie. L'intellectuel trouve aussi "consternant" de voir "Marine Le Pen analyser l'islamisme avec plus de justesse que la gauche".
"C'est très inquiétant de voir que l'extrême droite est capable de prendre la mesure de la menace plus clairement que la gauche. (...) Le présupposé constant de la gauche, c'est que le monde occidental est mauvais. Et donc, tout est passé au crible de cette analyse", poursuit-il.
L'islam éclairé perdant face à l'islam radicalisé?
Sur le fond du débat, à savoir les rapports entre l'islam et le fondamentalisme islamique, Salman Rushdie nuance sa pensée et analyse le problème en termes de lutte politique.
"Depuis 50 ans, l'islam s'est radicalisé", soutient L'écrivain. "Il y a bien sûr une tradition d'un islam éclairé. Mais il n'est pas au pouvoir aujourd'hui", ajoute-t-il.
Au sujet de ce qu'il analyse comme une "régression culturelle" de l'islam qu'il dénonçait déjà en 2012, il renvoie dos-à-dos les deux ennemis que sont l'Iran et l'Arabie saoudite. "Côté chiite, il y a eu l'imam Khomeini et sa révolution islamique. Dans le monde sunnite, il y a eu l'Arabie saoudite, qui a utilisé ses immenses ressources pour financer la diffusion de ce fanatisme qu'est le wahhabisme. Mais cette évolution historique a eu lieu au sein de l'islam et non à l'extérieur", insiste-t-il.
"Quand les gens de Daesh se font sauter, ils le font en disant 'Allahou Akbar', alors comment peut-on dès lors dire que cela n'a rien à voir avec l'islam?", interroge-t-il.
L'auteur de Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits explique qu'il dit "comprendre" la crainte de "stigmatisation de l'islam".
Mais, ajoute-t-il aussitôt "pour éviter cette stigmatisation, il est bien plus efficace de reconnaître la nature du problème et de le traiter".
Mais, ajoute-t-il aussitôt "pour éviter cette stigmatisation, il est bien plus efficace de reconnaître la nature du problème et de le traiter".
En refusant le lien avec l'islam, la gauche finit de plus en plus par s'accommoder de plus en plus des choses détestables et fondamentalistes de l'islamisme…
RépondreSupprimerComme le refus de condamner le harcèlement de rue, les questions sur le voile et plein d'autres…