Traduction par mes soins de l'article paru le 3 novembre 2017 dans le New York Times
Le message Facebook, publié peu de temps après l'attentat terroriste des extrémistes islamistes à la salle de concert du Bataclan à Paris en novembre 2015, fit l'effet d'une bombe dans l'atmosphère fébrile qui rêgnait en France.
Henda Ayari, citoyenne française d'origine maghrébine, postait deux photographies d'elle-même - l'une sous le voile islamique noir, l'autre tête nue en veste et T-shirt, accompagnées d'une amère dénonciation du salafisme et des incitations au djihad violent auprès des jeunes musulmans français.
Elle y décriait comment, en tant qu'étudiante, elle avait été entraînée dans la secte islamiste fondamentaliste et comment, après dix ans de mariage et trois enfants, elle s'était battue pour sortir de ce qu'elle appelle la camisole de l'islam radical.
Il y a deux semaines, Henda Ayari a déclenché un autre tumulte. Lisant sur son ordinateur les récits de femmes dénonçant leurs agresseurs sexuels dans la campagne #MeToo sur les réseaux sociaux après le scandale Harvey Weinstein, elle s'est jointe au mouvement en désignant l'homme qui, selon elle, l'a violée il y a cinq ans.
Henda Ayari, citoyenne française d'origine maghrébine, postait deux photographies d'elle-même - l'une sous le voile islamique noir, l'autre tête nue en veste et T-shirt, accompagnées d'une amère dénonciation du salafisme et des incitations au djihad violent auprès des jeunes musulmans français.
Elle y décriait comment, en tant qu'étudiante, elle avait été entraînée dans la secte islamiste fondamentaliste et comment, après dix ans de mariage et trois enfants, elle s'était battue pour sortir de ce qu'elle appelle la camisole de l'islam radical.
Il y a deux semaines, Henda Ayari a déclenché un autre tumulte. Lisant sur son ordinateur les récits de femmes dénonçant leurs agresseurs sexuels dans la campagne #MeToo sur les réseaux sociaux après le scandale Harvey Weinstein, elle s'est jointe au mouvement en désignant l'homme qui, selon elle, l'a violée il y a cinq ans.
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"Ça me restait sur le cœur" a-t-elle déclaré lors d'une interview téléphonique la semaine dernière. "J'ai eu beaucoup de difficultés avec ça pendant des années, et je ne pouvais pas oublier ce qui m'était arrivé ce soir-là avec lui, et c'est ce qui m'a décidée. Je pensais juste à ce moment-là me libérer, libérer ma parole, et cela m'a fait du bien, cela m'a un peu soulagée", a-t-elle dit. "Mais le nom..., je ne pensais pas que ça ferait autant de bruit."
L'homme qu'elle accuse de l'avoir violée dans une chambre d'hôtel parisienne au printemps 2012 et qui, selon elle, la menaçait pour qu'elle garde le silence, c'est Tariq Ramadan, un érudit musulman d'origine suisse qui enseigne les études islamiques contemporaines à l'université d'Oxford, habitué des chaînes d'infos où il parle de l'Islam et du monde occidental.
Le jour même où elle le dénonçait sur Facebook, Mme Ayari déposait plainte pour agression au commissariat de Rouen, sa ville natale. Elle y accuse Tariq Ramadan de viol, d'agression sexuelle, de violence volontaire, de harcèlement et d'intimidation, ont déclaré ses avocats.
M. Ramadan a déclaré sur sa page Facebook au cours du week-end que ces allégations n'étaient pas fondées et qu'elles faisaient partie d'une campagne de diffamation organisée par ses ennemis. Il a ajouté qu'il avait ordonné à son avocat de poursuivre Mme Ayari pour diffamation. "La justice doit suivre son cours", écrit-il. "Mon avocat s'occupe de l'affaire, nous nous attendons à un combat long et pénible."
Après le post Facebook de 2015, elle a écrit un livre, "J'ai choisi d'être libre" - Rescapée du salafisme en France qui décrit l'esclavage mental et physique qu'elle et d'autres femmes ont enduré au sein de la communauté salafiste. Elle y décrit également une agression sexuelle sans désigner nommément son agresseur présumé.
Cette attitude lui valut menaces et condamnation, y compris de sa propre famille. Elle ne parle pas à ses parents et son fils aîné, maintenant âgé de 18 ans, s'est rangé du côté de son ex-mari salafiste. Elle est actuellement confrontée à des torrents d'injures en ligne.
Henda Ayari a grandi dans une famille ouvrière à Rouen, fille d'un père algérien et d'une mère tunisienne, tous deux musulmans mais pas particulièrement religieux. Ses parents ont divorcé quand elle était jeune et tous deux se sont remariés, laissant l'enfant se sentir vulnérable et non-désirée.
Cette attitude lui valut menaces et condamnation, y compris de sa propre famille. Elle ne parle pas à ses parents et son fils aîné, maintenant âgé de 18 ans, s'est rangé du côté de son ex-mari salafiste. Elle est actuellement confrontée à des torrents d'injures en ligne.
Henda Ayari a grandi dans une famille ouvrière à Rouen, fille d'un père algérien et d'une mère tunisienne, tous deux musulmans mais pas particulièrement religieux. Ses parents ont divorcé quand elle était jeune et tous deux se sont remariés, laissant l'enfant se sentir vulnérable et non-désirée.
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Inscrite en psychologie à l'Université, Henda Ayari s'est mise à explorer la religion. Elle a commencé à porter le voile et a été rapidement accueillie dans un cercle de musulmans conservateurs. En quelques mois, ceux-ci l'avaient installée avec un salafiste tunisien qui vivait à Lyon. Ils se sont mariés quand elle avait 21 ans.
L'une des premières choses que fit son mari Bachir fut de lui acheter un jilbab, qui couvre la femme de la tête aux pieds, et un niqab, le voile qui cache tout sauf les yeux. Le niqab était, selon les mots de son époux, le summum de la religiosité, l'habit féminin qui plaisait le plus à Allah.
Pendant les 10 années qui ont suivi, Henda Ayari a vécu presque exclusivement avec ses trois enfants, passant parfois des journées entières sans quitter sa chambre et parlant à peine en dehors de la famille et du cercle immédiat de son mari. Les salafistes enseignent qu'ils ne suivent que "la vraie voie" comme à l'époque du prophète Mahomet. Ils rejettent tout contact avec ceux qui sont en dehors de leur secte.
La famille survivait grâce aux aides sociales d’État, le mari passant son temps avec des compagnons salafistes à la mosquée. Au fur et à mesure que les enfants grandissaient, Henda Ayari l'exhortait à trouver du travail, mais celui-ci se plaignait de ce que le racisme et la discrimination en France l'empêchaient de trouver un emploi. Elle finit par considérer sa tenue salafiste et sa longue barbe comme une excuse pour ne pas travailler.
Leur mariage se détériorant, son mari dépassait les limites, raconte-t-elle. Quand un responsable des services sociaux lui dit qu'elle vivait dans une prison et lui conseillait une aide psychologique, elle réalisa qu'elle devait en sortir.
"C'est un piège, surtout pour les femmes, parce qu'ils disent que vous devez porter le voile, vous marier et ne pas étudier, et ils veulent que vous soyez uniquement une femme soumise", écrit-elle.
Henda Ayari commença à s'interroger sur les restrictions salafistes patriarcales qui commandaient aux adeptes d'obéir à l'exemple du prophète, sans poser de question et qui semblaient particulièrement adaptées pour convenir aux hommes
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Finalement, Henda Ayari a fui avec ses enfants. Mais recommencer sa vie en tant que mère célibataire alors qu'elle affrontait une crise de la foi s'est avéré être un trop grand pas en avant. Elle a souffert d'une dépression nerveuse et a perdu la garde de ses enfants pendant deux ans.
Internet, en particulier Facebook, a été son compagnon tout au long du chemin. Alors qu'elle commençait à s'interroger sur l'idéologie extrême du salafisme, Henda Ayari commença à suivre l'enseignement de Tariq Ramadan qui devint un instructeur et un mentor en ligne, lui proposant finalement de le rencontrer à Paris où il participait à une conférence.
Henda Ayari explique qu'elle considérait Tariq Ramadan comme un saint et fut choquée et terrifiée par ce qu'elle décrit comme sa violente agression et ses menaces si elle parlait.
Depuis qu'elle a cité nommément son agresseur, Henda Ayari rapporte qu'elle a été inondée d'insultes et d'injures. "La réaction, le buzz, m'ont vraiment fait peur", a-t-elle déclaré lors de l'interview téléphonique. "J'ai très peur d'être reconnue quand je sors dans la rue", continue Henda Ayari. "J'ai peur qu'ils blessent mes enfants, qu'ils sachent où je vis. C'est très dur."
Malgré cela, Henda Ayari affirme que les messages qu'elle a reçus d'autres femmes, dont beaucoup mariées de force ou qui se débattent avec des dilemmes similaires en abandonnant le voile, lui donnent un but.
Il y a deux ans, Henda Ayari a fondé une association à but non lucratif, "Libératrices", qui aide les femmes aux prises avec les mêmes problèmes. Elle fait des conférences dans les écoles, anime des ateliers contre l'islam radical et aide ces femmes à obtenir des conseils juridiques.
L'interdiction de la burqa et du niqab comme en France n'était pas la solution, a-t-elle déclaré. Les dirigeants salafistes ont profité de cette interdiction pour attiser la colère de leurs adeptes, de nombreuses femmes ont choisi de rester à la maison plutôt que de sortir sans ces couvertures et se sont ainsi encore plus isolées.
Au lieu d'avoir des amendes, les femmes devraient être obligées d'assister à des ateliers éducatifs, précise Henda Ayari. "Il faut attaquer le problème par la discussion, la compréhension, la douceur et surtout pas l'exclusion."
Et contrer le message salafiste est essentiel, insiste-t-elle !
"J'ai mis beaucoup de temps à ouvrir les yeux, à comprendre qu'ils nous ont endoctrinés. Il est important de dire à toutes les femmes qu'elles doivent parler, qu'elles ne doivent pas avoir peur, qu'elles ne sont pas des êtres inférieurs aux hommes, qu'elles sont égales aux hommes, qu'elles doivent se battre pour être respectées et qu'il n'est pas nécessaire de porter le voile pour être une bonne musulmane. "
Internet, en particulier Facebook, a été son compagnon tout au long du chemin. Alors qu'elle commençait à s'interroger sur l'idéologie extrême du salafisme, Henda Ayari commença à suivre l'enseignement de Tariq Ramadan qui devint un instructeur et un mentor en ligne, lui proposant finalement de le rencontrer à Paris où il participait à une conférence.
Henda Ayari explique qu'elle considérait Tariq Ramadan comme un saint et fut choquée et terrifiée par ce qu'elle décrit comme sa violente agression et ses menaces si elle parlait.
Depuis qu'elle a cité nommément son agresseur, Henda Ayari rapporte qu'elle a été inondée d'insultes et d'injures. "La réaction, le buzz, m'ont vraiment fait peur", a-t-elle déclaré lors de l'interview téléphonique. "J'ai très peur d'être reconnue quand je sors dans la rue", continue Henda Ayari. "J'ai peur qu'ils blessent mes enfants, qu'ils sachent où je vis. C'est très dur."
Malgré cela, Henda Ayari affirme que les messages qu'elle a reçus d'autres femmes, dont beaucoup mariées de force ou qui se débattent avec des dilemmes similaires en abandonnant le voile, lui donnent un but.
Il y a deux ans, Henda Ayari a fondé une association à but non lucratif, "Libératrices", qui aide les femmes aux prises avec les mêmes problèmes. Elle fait des conférences dans les écoles, anime des ateliers contre l'islam radical et aide ces femmes à obtenir des conseils juridiques.
L'interdiction de la burqa et du niqab comme en France n'était pas la solution, a-t-elle déclaré. Les dirigeants salafistes ont profité de cette interdiction pour attiser la colère de leurs adeptes, de nombreuses femmes ont choisi de rester à la maison plutôt que de sortir sans ces couvertures et se sont ainsi encore plus isolées.
Au lieu d'avoir des amendes, les femmes devraient être obligées d'assister à des ateliers éducatifs, précise Henda Ayari. "Il faut attaquer le problème par la discussion, la compréhension, la douceur et surtout pas l'exclusion."
Et contrer le message salafiste est essentiel, insiste-t-elle !
"J'ai mis beaucoup de temps à ouvrir les yeux, à comprendre qu'ils nous ont endoctrinés. Il est important de dire à toutes les femmes qu'elles doivent parler, qu'elles ne doivent pas avoir peur, qu'elles ne sont pas des êtres inférieurs aux hommes, qu'elles sont égales aux hommes, qu'elles doivent se battre pour être respectées et qu'il n'est pas nécessaire de porter le voile pour être une bonne musulmane. "
Bonjour
RépondreSupprimerun petit mot pour dire que je vous soutiens dans vos combats, pour la sortie du piège religieux, d'ailleurs quelle que soit la religion, pour la dignité de l'être humain. Bien sûr, l'humain est libre de croire ou de ne pas croire, mais pas d'imposer une religion qui enferme les personnes dans un carcan invivable.
j'ai personnellement vécu quelques années en tant qu'ado chez les évangélistes et c'était pas si mal au début, mais normalement, une religion qui dit être d'amour et de paix, ne devrait elle pas aussi être portée par des personnes d'amour et de paix, et non de jugement ? je me souviens d'une chose , j'adore chanter et bouger sur la musique : eh bien un jour l'animatrice de l'école d'ados m'a dit "il ne faut pas bouger quand tu chantes" ...ok... alors je fais quoi ? je tire une gueule d'enterrement tout en chantant un éloge à la joie et l'amour de Jésus ? et puis j'ai petit à petit glissé dans l'athéisme. Oh, j'ai bien tenté de revenir au sein de cette communauté, mais n'y suis pas arrivée, ne me sentant pas à ma place.
des bisous, soutien et courage.